Comme dans tout roman, au moment de la correction / réécriture, il y a malheureusement des choix que l’on doit faire : retravailler certaines scènes, développer certains passages et parfois en couper d’autres.
Je vous propose aujourd’hui de découvrir certaines scènes que j’ai enlevées de la version finale.
Vous avez aimez Fred et Jae, voici un petit bonus qui vous fera découvrir une autre facette de leur histoire.
Bonne lecture !
7 – Slow
“ Un slow, se sont des corps enlacés qui usent de la lenteur pour accélérer le désir. ”.
Daniel Confland
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Fred
Jae
Je me demande jusqu’où ça nous aurait emmenés si nous n’avions pas été interrompus…
Une flambée de chaleur me traverse. Je peux presque sentir le poids de son corps contre moi, son souffle haletant sur ma peau.
Fred
Tu le sais très bien.
Je tape ma réponse d’une main tremblante, en déglutissant avec difficulté.
Jae
Non, justement. Explique-moi.
L’enfoiré… Il est en train de m’allumer. Le pire dans tout ça, c’est que ça marche. Je me repositionne sur le flanc, le portable à bout de bras. Je serre inconsciemment les cuisses pour contenir l’effet qu’il a sur moi et qui prend de l’ampleur entre mes jambes.
Fred
Tu m’aurais envoyé direct au nirvana.
Jae
Vraiment ? Juste comme ça ? En me frottant contre toi…
Mes joues virent au cramoisi. J’imagine que trop bien son petit sourire complaisant. Il doit se régaler du pouvoir qu’il a sur moi. J’hésite entre la franchise – oui, j’étais à deux doigts de jouir d’un simple contact – ou l’envoyer se faire voir.
Fred
Parce que toi, tu ne bandais pas comme un âne peut-être, alors que ta queue se pressait contre mes hanches et que tes gémissements résonnaient dans mes oreilles ?
Je choisis la troisième option : la contre-attaque. Je fixe mon écran en attendant sa réponse qui tarde à venir. Mes doigts se figent au-dessus du clavier, prêts à le relancer, quand je la reçois enfin.
Jae
Ouais… Et j’ai adoré ça.
— Bordel ! soufflé-je en sentant mon sexe tressaillir.
Il va réussir à me rendre dingue avec quelques SMS salaces. Je m’humidifie les lèvres en bougeant le bassin pour apaiser la tension qui s’y accumule. Un nouveau message me parvient et augmente d’un cran la fournaise qui me dévore les entrailles.
Jae
J’ai hâte de reprendre là où nous en étions pour t’amener au nirvana.
Sauf que, cette fois-ci, je ne me contenterai pas de me frotter contre toi.
Et rien ne m’arrêtera…
Merde… La bouche sèche, les yeux écarquillés, je scrute ces mots qui font bouillir mon sang. J’inspire une respiration haletante. Ma paume se pose sur le renflement qui déforme mon boxer. Un éclair de plaisir me traverse en même temps qu’un gémissement m’échappe. J’appuie un peu plus sur la réaction physique de mon corps à cette réponse, à cette promesse.
Fred
Putain, Jae…
C’est tout ce que j’arrive à écrire d’une main, pendant que l’autre commence à s’activer sur mon sexe dur. Les yeux fermés, je grogne en l’imaginant faire la même chose de son côté, en fantasmant sur sa hampe dressée ainsi stimulée. Mon portable glisse entre mes doigts et tombe sur le sol. Je ne le réalise pas, tant je suis déjà perdu dans un brouillard de volupté. Fébrile, je m’extirpe de mon boxer et le jette au bout du lit. J’empoigne avec empressement ma virilité prête à exploser. Le désir non assouvi que j’ai ressenti dans ses bras se réveille et m’enflamme de la tête aux pieds. Je fais valser le drap qui me recouvre tant mon épiderme est brûlant et laisse enfin s’exprimer cette excitation, cette ivresse. Je gémis son prénom pendant que mes gestes gagnent en vitesse et que ma main coulisse sur ma peau tendue. Les images de Jae défilent derrière mes paupières closes. Je visualise son torse imberbe et musclé. Je fantasme sur la cambrure de ses reins et la rondeur de ses fesses fermes. Bordel, ses fesses… Mon dos se courbe. Mes dents se plantent dans ma lèvre pour ne pas hurler ce plaisir qui me consume. Je resserre ma poigne sur mon sexe, passe mon pouce sur son extrémité sensible, agrippe l’oreiller en grognant férocement. Rien que de l’imaginer et déjà je plonge dans des abysses d’extase. J’écarte les jambes, plante mes talons dans le matelas et pousse les hanches contre mon poing pour intensifier encore plus la cadence. Je suis en feu, chaque centimètre de ma peau se couvre de sueur et de chair de poule. Je me tords fiévreusement sur le lit, me laissant emporter par ces vagues puissantes et dévorantes qui ont pris naissance dans mon désir pour Jae. Tous les muscles de mon ventre se crispent. La chaleur se concentre au creux de mes reins. Dans un dernier mouvement, j’explose entre mes doigts dans un long gémissement. Les spasmes de jouissance durent et durent encore. C’est un orgasme époustouflant qui vient de me traverser.
Haletant et noyé, je m’allonge de tout mon long sur les draps. Je peux sentir les battements frénétiques de mon cœur dans toutes les parties de mon corps. Wahou ! Je n’avais pas ressenti ça depuis… Jamais, en fait. Aucune femme, aucun plaisir solitaire ne m’avait excité à ce point. Putain… Je reste immobile de longues minutes, retrouvant peu à peu un semblant de calme après le séisme qui vient de me terrasser, la tête dans les vapeurs post-orgasmiques. Je finis par me nettoyer à la va-vite avec des mouchoirs, avant de récupérer mon portable sur le sol. Un nouveau SMS m’attend.
Jae
Alors… Le nirvana a été à la hauteur de tes espérances ?
20 – Fissure
“ Tout refus de communiquer est une tentative de communication. Tout geste d’indifférence ou d’hostilité est appel déguisé. ”
Albert Camus
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Jae
— Un, deux, trois… Reste concentré ! exigé-je.
Je lui relève la tête d’un doigt sous le menton. Son air canaille me tire un sourire que je ravale aussitôt. Si nous partons sur ce chemin, jamais nous ne pourrons répéter. Tel un pantin, je le repositionne correctement. Je remonte sa main – qui avait dérivé vers une zone plus charnue de mon anatomie – au creux de mon dos, lève son coude dans un angle parfait et pousse sur ses épaules pour le redresser.
— Voilà… C’est mieux, me félicité-je en me plaçant à nouveau contre lui. Reprenons…
Ma main droite s’aligne à la sienne, la gauche se pose sur son omoplate. J’attends qu’il fasse le premier pas, ce qu’il ne tarde pas à faire. Je le suis et nous effectuons un autre enchaînement. Nous glissons sur le sol, nos corps enlacés. Une rotation et il me réceptionne parfaitement. Nous repartons dans le sens opposé et imperceptiblement, ses doigts s’infiltrent sous mon t-shirt, caressant lascivement ma peau.
— Fred !
Je le réprimande en attrapant son poignet et l’empêche de continuer son invasion. Je replace sa main, malgré les frissons qu’elle me procure. Avec un battement de cil, il m’observe d’un air innocent. Je pouffe de rire tant c’est adorable.
— Arrête ton petit jeu, nous devons ré-pé-ter ! insisté-je d’une voix sévère – enfin… en espérant qu’elle le soit.
Il soupire dans un élan dramatique en faisant une mine de chiot battu qui me fait littéralement fondre.
— J’essaie… Je te jure que j’essaie !
Plus que dubitatif, je hausse les sourcils devant sa mauvaise foi.
— Ce n’est pas très évident… ironisé-je.
— Nous avons passé la matinée à travailler. Tu n’as pas envie d’une petite pause ?
Une moue craquante se dessine sur ses lèvres alors qu’il franchit à nouveau la barrière de mon haut. Ses paumes chaudes glissent le long de mon dos.
— Les cours vont t’accaparer toute l’après-midi. Nous devons profiter de la moindre opportunité… argumenté-je.
Soudain il m’étreint avec force, plonge son nez au creux de mon cou et inspire profondément mon odeur. D’abord surpris, je le laisse faire sans bouger. Très vite, je glousse comme une écolière quand il commence à mordiller ma peau. Il me berce lentement et je l’enlace à mon tour.
— Nous n’y arriverons jamais à ce rythme.
Je le gronde en fermant les paupières malgré moi pour profiter des embrassades humides qu’il parsème sous mon oreille.
— Je n’y peux rien si tu es alléchant.
Il accompagne sa piètre argumentation de baisers mouillés. D’une empoignade ferme de mes fesses, il me ramène contre lui. Je hoquette de surprise en m’accrochant à ses épaules. C’est mal parti pour notre répétition. J’en ai la confirmation à la seconde où l’expression de son désir se presse contre mes hanches, ébranlant d’un coup ma belle détermination.
— Je veux bien répéter, susurre-t-il, coquin. Et je le ferai avec application, si nous passons à une danse un peu plus lente. Bien sûr, il faudrait se délester du surplus…
— Du surplus ? me méfié-je en le scrutant, sceptique.
Il me répond d’un sourire fripouille. Un éclat lubrique dans son regard qui me fait frissonner de la tête aux pieds – mais qui n’annonce rien de bon – me donne une petite idée de ses intentions.
— Je parle de nos vêtements, souffle le filou.
— Tes élèves arrivent dans moins d’une heure. Nous ne devrions pas…
Il me coupe d’un baiser ardent. Comment suis-je censé rejeter un tel assaut sensuel ? Sans même pouvoir m’arrêter, je lui ouvre le passage de ma bouche, qu’il se hâte d’emprunter. C’est tellement dur de lui résister. Surtout quand ses gestes, ses lèvres me réclament et me prouvent à quel point il me désire. Je ne suis qu’un être faible, incapable de le repousser, de l’empêcher de me plaquer contre son corps ferme et musclé. Peut-on m’en vouloir de ne pas avoir assez de volonté pour ça ? Qu’on me jette la première pierre si une seule personne sur terre est capable de ne pas succomber à cet homme envoûtant ! Et si mes doigts s’agrippent à ses cheveux, si ma jambe s’enroule autour de ses hanches, si ma langue pénètre sa bouche, ce n’est que dans une tentative désespérée de m’éloigner de lui.
Ok… Une fois encore, je me mens à moi-même.
Et puis merde… Au diable la raison, les risques et la bienséance !
Je pousse sur le sol de mon pied libre et saute dans ses bras. Mes jambes s’enroulent autour de sa taille. Mes mains se perdent dans sa chevelure sauvage. Ma bouche se rive à la sienne. D’un grognement appréciateur, il consolide ma position en empoignant mes fesses – techniquement, c’est l’appui le plus évident – et commence à les malaxer – pour mieux me sécuriser. Nous tournons sur nous-mêmes au centre de la pièce, tentant de nous fondre l’un dans l’autre, nous aidant de nos mains, de nos bras, de nos lèvres.
Si seulement j’avais la certitude que personne ne pouvait nous interrompre. Je lui aurais déjà arraché ses vêtements – ou surplus, rien n’est plus adéquat finalement. Je le supplierais de me faire l’amour sur-le-champ, ici et maintenant. Comme hier, il répondrait à ma demande sans hésiter. Nous retrouverions cette fusion unique et charnelle qui nous a unis avec tant de passion. Comme j’aimerais sentir sa peau nue et moite, ses muscles se tendre à chacun de ses coups de reins, son membre me remplir si parfaitement. Tout en ondulant des hanches contre lui, je délibère du bien-fondé de ma retenue. Nous avons bien quelques minutes devant nous…
Dix minutes, c’est tout ce dont nous avons besoin.
Sa bouche tentatrice se pose sur la zone sensible sous mon oreille et aspire ma peau surchauffée, me tirant un soupir de bien-être.
Vingt, pas plus…
Sa main se déplace et effleure l’intérieur de ma cuisse dans un geste sensuel. Cette caresse attise le feu au creux de mon ventre et propage de doux frissons dans tout mon corps.
Trente, maximum…
Il pousse sur mon bassin et heurte le sien. Nos virilités s’entrechoquent merveilleusement.
Oui… Trente-cinq minutes seront bien suffisantes.
Je resserre les cuisses et accélère le mouvement, lui arrachant un soupir de plaisir. Soudain un coassement tout à fait inattendu retentit. Nous nous figeons dans la seconde. Je me redresse et l’interroge du regard.
— Je ne suis pas fou ? C’est bien une grenouille que nous venons d’entendre ?
Un immense sourire me répond. Il claque un baiser sur mes lèvres avant de me déposer à terre.
— Oui, c’est bien ça. Tu ne perds pas la tête, s’amuse-t-il.
— Depuis quand il y a des grenouilles ici ? m’étonné-je en cherchant du regard la maudite bestiole.
Il me désigne une petite statue en céramique représentant le batracien positionnée dans un coin de la pièce.
— C’est mon dispositif de sécurité, m’éclaire-t-il. Quelqu’un arrive.
Je baisse les yeux sur l’énormité plus que visible entre mes jambes, avant de bifurquer vers la sienne, tout aussi conséquente.
— Tu déconnes ?
— Pas du tout.
Aussitôt, la poignée s’abaisse et la porte s’ouvre. D’un bond, je m’éloigne de lui en tirant sur mon t-shirt pour camoufler la preuve du délit. Je me retourne, feignant l’indifférence. L’adrénaline et l’embarras se répandent dans mes veines. Mon cœur fait un saut dans ma poitrine quand je me retrouve face à Paloma qui nous fixe tour à tour, les yeux plissés de suspicion. Je rassemble tout mon talent d’acteur pour rester impassible et garder un air naturel. Je m’empêche de toutes mes forces de regarder Fred.
— Bonjour Paloma.
28 – Retrouvailles
« La vie, c’est des étapes… La plus douce, c’est l’amour… La plus dure, c’est la séparation… La plus pénible, c’est les adieux…
La plus belle, c’est les retrouvailles. »
Nicolas Antona
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Jae
— La pause est finie !
Sur ce, je lui claque généreusement le postérieur – ce n’est pas mal non plus d’être celui qui domine. Il ouvre grand les yeux dans un sursaut. Son expression outrée me fait marrer.
— Tu m’as donné une fessée ? gronde-t-il d’un air menaçant.
Je me détache de lui avec prudence et fais un pas en arrière.
— Je n’ai fait que te rendre la pareille, me justifié-je d’un air taquin.
Un frisson d’anticipation me parcourt l’échine devant son regard sombre, alors je prends la précaution de mettre un pas de plus entre nous.
— Tu as vraiment osé faire ça ? m’accuse-t-il en réduisant l’écart que j’ai instauré.
— Tu l’avais mérité, le provoqué-je en reculant d’autant.
— Tiens donc… Tu es sûr ? susurre-t-il, le sourcil relevé.
Un courant électrique me parcourt. L’attaque est imminente. Je me tiens sur mes gardes face au danger qui me guette. L’homme qui avance tel un félin est le plus imprévisible de tous. Il bondit d’un geste vif et je l’esquive en couinant comme une écolière. Je prends mes jambes à mon cou pour lui échapper, mais il bouge vite, l’animal ! Une course poursuite débute dans l’espace ouvert du hangar. Plusieurs fois, il me frôle, néanmoins, je parviens à m’enfuir. Pourtant, rapidement, notre nuit agitée et mes muscles endoloris se rappellent à moi. À bout de souffle, je m’effondre contre un mur, incapable de faire un pas de plus et le regarde, impuissant – ou bien content… même totalement impatient – marcher vers moi pour me rejoindre.
— Tu ne m’échapperas pas, menace-t-il d’une voix rauque qui me fait frissonner de la tête aux pieds.
— Qu’est-ce que tu vas me faire ? demandé-je à bout de souffle. Je suis innocent.
Il hausse un sourcil de scepticisme en avançant un pas après l’autre.
— Vraiment ? Pourquoi ce terme me paraît bien loin de la vérité quand je pense à toi ? De plus, mes fesses se souviennent encore de ta traîtrise.
— Ce n’était qu’un juste retour des choses ! me justifié-je pitoyablement. On peut se dire que nous sommes quittes…
Ma proposition se meurt dans l’immense espace qui nous entoure quand son corps se plaque contre le mien. Sa chaleur m’engloutit. Son odeur virile me recouvre. Sa chair ferme et musclée se presse contre moi et m’empêche de faire un seul geste. Je suis à sa merci. Ses iris aux mille pépites dorées me capturent. Son souffle chaud s’emmêle au mien et ma respiration se fait haletante. Je suis son captif. Il retient prisonnier mon coeur, mon corps et toute mon âme.
— Je vais devoir te punir, murmure-t-il en glissant son nez sur l’arête de ma mâchoire.
Je me mords la lèvre pour contenir un gémissement alors que son chemin s’attarde sur la zone sensible sous mon oreille. Je frissonne. Oui, pitié, fais-le ! Mes jambes me soutiennent à peine. Je me sens si faible dans ses bras. S’il s’écarte, je m’effondre sur le sol, c’est certain. Le cœur battant à tout rompre, je m’offre à lui en basculant la tête pour que le frôlement se fasse plus ferme, qu’enfin il me marque de ses lèvres.
— Qu’est-ce que je vais pouvoir te faire ? susurre-t-il alors qu’il survole ma jugulaire.
N’importe quoi, mais fais-le ! L’impatience me gagne. Je n’en peux plus qu’il me fasse languir. Une chaleur que je connais bien se loge au creux de mon ventre et s’intensifie à chaque seconde : l’envie de lui. J’oublie mon idée de répétition. J’oublie le temps qui nous manque jusqu’au championnat. Tout ce qui emplit mon esprit se trouve contre moi et me rend fou à lier. Je cambre les reins pour me frotter à son corps dans un gémissement plaintif. Je suis à deux doigts de le supplier, quand soudain il me lâche et s’éloigne d’un pas. Je me retiens de justesse à l’aide du mur et me redresse sur mes jambes tremblantes alors qu’il affiche un sourire railleur.
— On s’y met ? lance-t-il très fier de sa petite vengeance.
Le salaud !
— Ça t’amuse de m’allumer ? reproché-je avec un regard assassin.
— Ce n’était qu’un juste retour des choses. On peut se dire que nous sommes quittes, répète-t-il avec un haussement d’épaule et un sourire en coin.